• Comme une enfant je demande :
    Maman, c'est quoi la fusion.
    Maman, quel est le sens de la vie. Est-ce de n'en avoir aucun, justement.
    Le sens de la conscience réside t-il justement dans cet absurde paradoxe.
    Que veulent signifier les invités de ce Banquet ?
     
    Il est un mot pourtant. Un mot qui m'enchante en marchant. Un mot que la publicité a tellement galvaudé. La publicité n'y comprend décidément rien à rien. De ce mot que la société semble oublier parfois, si souvent. Un mot que l'on voudrait nous faire croire sans valeur.

    Mais, ce mot comme un partage animal, comme un festin même frugal. Ce mot que je voudrais voir sauvé jusqu'à la nuit de nos pauvres temps. Comme une enfant. Un mot difficile à ériger comme principe quotidien.

    Rien n'est jamais gagné.

    J'aime entièrement mes moitiés pourvu qu'il leur reste un peu d'humanité. Qu'elles soient laides ou défigurées, amères et parfois acides, qu'elles tournent en rond pour trouver une place ou qu'elle préfère filer tout droit sans jamais trouver leur place. Toutes ces moitiés m'enrichissent. Et tu veux que je te dise. Je trouve merveilleusement belles leurs faiblesses. 

    Alors j'imagine que ce mot a encore du sens à mes yeux. Je m'y accroche tel le roseau. Quelque soit la manière, quelque soit la mesure, l'humain vaut toujours mieux avec ce mot.  
     
    Inspiration : Merci aux contes hellénistes sur les moitiés. Merci à l'être qui les a exhumés de fin fond de mes temps. A Lawick Mueller  aussi, pour son travail et sa réfléxion artistique troublante. Et à Alfred de Musset pour son ambitieux projet "Je ne suis qu'homme et ne veut pas moins être ni tenter d'avantage".


    5 commentaires
  • Mais ou étais-tu tout ce temps.

    Les pieds dans l'eau. Ce petit bateau ?
    Le sable entre les orteils. Cette brise fraîche ?
    De l'iode dans la tête.

    Du foin dans les oreilles. Le chant des oiseaux sur ton chignon ?
    Ta robe claire. Ta robe qui dansait autour de tes genoux ?
    Une marguerite au coin de ta bouche.

    La poussière d'un souk. Une saveur orientale ?
    Le langage d'un thé brun et l'odeur du pain.

    Ou étais-tu tout ce temps.

    Au fond de ta couette ?
    Sous un toit gris ?
    Au dessus des cheminées et des antennes paraboliques ?
    Avec les moineaux ?

    Oui. J'étais lovée en Afrique. Oui, j'étais partie en Turquie.
    Oui, j'ai fait un crochet à Téhéran et j'ai marché au Soudan.
    Et, tu sais quoi ? Je me suis promenée à l'anglaise avec une Cadillac crème. Au bord des galets j'ai nagé. J'avais cette longue robe noire. Cette robe d'une soirée. Sur mes clavicules une fibule.

    J'ai mis mon chapeau de paille, j'ai chaussé des lunettes même pas payées.
    Des lunettes de star prêtées par un anglais. Un lord affamé. Et j'ai nagé.

    Oui, je me suis caché dans tous les recoins de la terre, sous ce vortex, dans cette autre dimension. Oui, je me suis suspendue à cette corde et j'ai joué les funambules. Tu veux que je te dise, ça fait du bien de partir sans cartes, sans timbres et sans nouvelles.

    J'ai voyagé. Je ne me suis pas manquée. Surtout j'ai aimé. Ljubavi.
     
    crédit photo : Vava  Ribeiro

    11 commentaires
  • Re

    Il y a cette sorte de rémanence, cet écho qui vibre et qui s'amplifie. Tu l'entends. Parfois je me duplique, je me multiplie. J'adopte cette forme si étrange. Quel jour sommes nous. L'année ? Aucune idée.

    Faut-il seulement que je le saches. S'agit-il de dater. C'est là et parfois ça revient. C'est comme le son le l'Afrique ou celui d'Athur H. Celui d'un serpent dans la savane. Le son de sa queue qui s'agite.

    Un mois de vacances. Ce matin je m'attendais avec cette batte. Comme cela au sortir du bois. Sans aucun détour, je me suis remise à ma place. J'avais le cœur qui battait. Quelque chose de terrorisée. Je crois que je n'y suis pas allée de main morte... Il faut y aller. Y retourner. Rien n'est terminé. Il s'agit de l'affronter.

    J'ai vu ce lapin gambader dans les fourrés, je l'ai suivi. Je me suis réfugiée dans son terrier. Au dehors j'entendais le chasseur qui me cherchaient. Il rodait. Au bout d'un moment il s'est éloigné. Le lapin m'a guidé. J'ai senti la rosée sur ma peau, l'odeur de la terre qui sort de sa torpeur le matin. Son odeur la nuit, sa sueur le jour. Le genévrier m'a camouflé. J'ai adoré galoper entre ses pieds, m'enfouir dans son épaisseur et soulever tout ce sable quand je lui échappais. J'ai vu un cavalier passer. J'ai entendu le travail du cuir, celui de la selle et de la sangle sur le flanc de l'étalon. Ses oreilles dressées vers l'avant. Nos regards ont du se croiser je crois. J'étais sage à présent.

    Hier j'ai vu l'argent allumer les hautes herbes. Une chevelure d'ange. La nature était mon lit. Le chasseur ne me traquait plus. Il m'attendait, au sortir du bois. Moi je regardait la cime des arbres se balancer doucement. Je prenais le temps de cette respiration, celui d'un bonheur pour mes yeux, un autre pour mes oreilles. De tout petits sons. D'infimes sons, qui m'emplissaient le corps. Mais cette rémanence aussi, qui s'est amplifiée quand le lapin est allé se coucher. J'ai pris le temps d'avoir la force.

    Le souvenir en écho d'un bal d'après la guerre, que je n'avais plus écouté depuis que la mienne a commencé. Mesurer le chemin, savoir que ce bal a déjà une histoire dévastée, qu'il est peut-être possible que ce soit une nouvelle étape, essayer de mettre des lampions à nouveau au milieu de tous ces débris, mesurer que tout ceci est si fragile. Deviner qu'un enfant n'est pas rien parmis les gravas, que son souffle ou son premier cri agit comme une bombe non loin de la douceur de mon bois, qu'il faut préserver sa tendre quiétude.

    Alors ce matin, j'ai chaussé mes bottes, ajustée mon pantalon. J'ai inspiré à fond. Je suis sortie du bois pour le défendre, le protéger. Il n'y a plus de place dans mon jardin pour les bombes que j'aurais oublier de déminer, pas plus pour des chasseurs qui m'attendraient à l'orée, les bouchers ou quelques autres sortes de monstre ne sont pas invités à siéger. J'ai fait cette promesse les doigts enlacés, pas croisés. J'entends la respecter.

    Alors réglons nos comptes. Je suis prête maintenant.

    Un oeil qui cligne, un index qui vibre : Volim te.

    4 commentaires
  •  
     
    Tu me chatouilles, j'aime tes moustaches tout contre mon nez pour me réveiller. Un peu de ton eau sur ma paupière, tes yeux grands ouverts et cette invitation à jouer dans le courant des marées.

    Attends-moi. Je trempe un pied. L'eau est froide. J'ai peur de me noyer. Arrête de me chatouiller. Regarde, j'essaie de nager. J'aime ta manière d'ondoyer au fil des algues et des marées. Apprends-moi, apprends-moi à nager.

    J'ai mis un pied, un deuxième. Mon genou, mon ventre, mon buste. Mes cheveux ondulaient à la surface vitrée. Je suivais tes oreilles et tes bons. Du bout des yeux. Tout autour de moi tu t’amusais. Tes galipettes dans l'eau salée. Nous avons nagé.

    Je me suis mise à ondoyer, ma colonne comme une anémone. Les couleurs électriques de la mer, mes yeux comme le gris d'une huître. Ton pelage aussi soyeux qu'une perle irisée. D'infimes bulles s'en échappaient pour le rehausser.

    Tu virevoltais, tu te cachais, tu te prélassais. J'adorais te regarder, essayer de te suivre dans ton agilité. Les algues me frôlaient, les algues me perdaient. Tu me rattrapais. Tu me surprenais.

    Un temps d'arrêt. Une envie, un défi. Nager plus vite que l'écume qui se forme sur le col de cette vague.  J'ai pris mon souffle. Il me fallait bien cela. J'ai vu tes grandes oreilles disparaître, une seconde. Juste le temps de le dire pour te voir rejaillir et courir bien au-dessus de la houle.

    Nous avons nagé. Notre course par-delà les marées. L'eau comme le support de notre élan. Ma tête plongeait aussi vite que  tes palmes fondaient les courants. Je jaillissais, comme un poisson aux ailes d'argent. Tu m'accompagnais, tes oreilles collées contre ton dos. Je t'ai vu voler. J'étais grisée. Et nos rythmes se sont accordés.

    Un instant tu as disparu, tu m'as laissé suspendue au milieu de cette immensité liquide. J'ai cru te perdre. Le mur de mon corps s'est évaporé en une constellation de gouttelettes microscopiques. J'ai appris le sens de l'eau salée, de l'abysse sous mes pied. Petit à petit je me suis transformée. De longs poils soyeux et blanc me sont sortis de tous les pores, mes  bras comme des nageoires.

    Je t'ai senti ondoyer sous mes pieds, tourner comme un fou sur un manège. Je t’ai senti inventer un courant tout autour de ma cheville, de mon ventre et de mon buste. La pointe de mon crâne. Mon corps s’est jalonné de bulles Je t’ai senti remonter telle une fusée et réapparaître sur le bleu de cette surface immense. Ton nez s'agitait et me reniflait. Ton eau sur mon museau. Tu sentais l'iode et l'huître, toutes les couleurs de ce courant électrique, de ce chant aquatique. J'avais tes oreilles. Tu étais Janvest, Janvest notre aquapin. D. J.
     

    votre commentaire
  • Janvest vit dans la mer ou l'océan.
    Ca dépend de la mer ou de l'océan.
    De son envie de jouer, de celle de se prélasser.

    Oui, mais Janvest prend son bain chaud.
    Très chaud. Trop chaud.

    Alors Janvest devient rouge. Tout rouge. Très rouge.

    Un dessin pour ce petit bonhomme, pas plus haut de trois pommes.
    Un dessin du haut de mes deux ans et demi,
    pour celui qui m'a montré le chemin du bain.
    Un dessin pour cet enfant que j'aime sans le connaître.

    J'adore ses histoires avant de s'endormir.

    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires