• Ep. 3

    Le chien et le loup, le bleu et le gris. Le flou. 
     
    3. Accoudée à ce bar, un oeuf miroir, une tartine et un café. Un jus d'orange s'il vous plait. J'écarquillais les yeux. Tout flottait. Il me semblait que j'avais de la buée sur le globe occulaire. Ma nuit avait été blanche. Je ne l'avais pas vu venir, je n'avais pas su la prévenir. J'avais senti l'humidité des matins qui peinent à se lever. Le chant des oiseaux m'avait alerté. Je devais rentrer. Pour revenir quelques heures plus tard, après le festin frugal des baies colorées. Mais rentrer d'abord.


    Quelques voitures somnolentes m'avaient frôlée sur le pavé. La ville semblait pourtant dormir encore. Le monde m'appartenait. Il faisait froid. Mes bagues me cisaillaient les doigts. J'espérait qu'ils ne deviennent pas tout violet. Qu'ils ne disparaissent pas.


    C'était l'heure d'avant les cafés. L'heures où le chien et le loup se croisent.  Ils se reniflent et s'apprécient.  Je n'étais ni l'un ni l'autre. Je n'irais pas dormir. Je scrutais mon oeuf avec des questions plein la tête, des questions sur les poules. Au coin du carrefour, dans ce café aux nuits très courtes, je revoyais la vie anachronique des anciennes portes de Paris.


    Casiopé avait du déménager. Bien longtemps qu'on ne risquait pas de trouver son reflet dans le fleuve qui débitait ses histoires au mètre cube. Comme ce café. Il me restait l'oeuf et le téléachat pour réchauffer mes doigts.


    Un livreur, et un routier. Deux trois femmes de ménages, un SDF qui n'avait pas de bagues mais dont les doigts s'étaient recroquevillés, un alcoolique aviné qui cherchait dans ce rade la solution à ses cauchemars asséchés. Un détraqué, un fêtard sourd d'avoir trop dansé. Tous se reflétaient dans le jaune miroir du soleil qui flêmait dans mon assiette. Je guettais leur visage comme, petite, je cherchais les crabes dans les concrétion de pierres laissées après guerre. Des remblais, ou des chemins de fer. Des blockhaus comme on disait. Des blockhaus qui avaient le front de défier l'océan. Mon oeuf transpirait d'huile, alors la pêche était fertile.

  • Commentaires

    1
    C
    Lundi 10 Juillet 2006 à 20:21
    Ah les déménagements...
    toute une histoire... Entre chien et loup, l'important, c'est de ne pas se regarder en chat de faïence.
    2
    tarass boulba
    Mercredi 12 Juillet 2006 à 17:09
    yes
    c'est joli
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