• Le dimanche est parti

    Aujourd'hui j'ai du perdre un jour de la semaine. Il scintillait depuis deux ans autour de mon poignet. Deux ans comme ça passe vite. Comme la vie file. Ce jour là, il sentait la montagne et le désert, le bleu et les Touareg. Il était la chaleur du sable qui gagne sur la vie, et la froideur des nuit ssans vie, des étoiles qui se déplient. Il était la brise sur la crête des collines qui s'avancent sans un bruit, la trace d'un insecte qui se réfugie. C'était un Tamaris, une sieste de midi, de la menthe, des tomates, du concombre, de la menthe et des épices. Et puis il sentait la laine cousu au gros fil, la laine tannée par la peau d'un chameau, le cuir. Il sentait la peau d'Omar qui plonge dans un Tajine. Ce jour là était une lumière à deux étages dans un bocal. Ce jour là était devenu ma théière bleue, décorée au jaune et au blanc de nos peau. Peut-être était-il devenu mon eczema, une forme d'inquiétude violette, une sorte de fièvre granuleuse.

    Peut-être est-ce pour cela qu'il est parti. Il en avait assez d'être un jour de la semaine. Peut-être voulait-il sa propre vie et d'autres souvenirs. Peut-être n'arrivait-il plus à supporter les autres jours, ceux qui continuent de cliqueter autour de mon poignet. Ce jour là était probablement mon dimanche. Il est parti.

    Hier je t'ai perdu en même temps que ce jour de ma semaine. J'ai cherché dans tes yeux un jour de l'année. J'étais prête à me dire que cela aurait pu être un mercredi aussi. J'avais posé une heure dans ma tête. C'était déjà trop. J'ai épluché les jours. Je ne suis tombée que sur des masques, sur les histoires que tu te racontes, sur les histoires que tu racontes aux autres. J'ai pensé te tendre Havane, pour que tu t'y retrouves. Naivement, comme une enfant qui ne sait plus trop comment faire. Mais non, il faut croire que le chiffre 6 ne change rien à l'affaire. Que le 6 continue à se dissimuler malgré toutes les semaines égrainées. Alors j'ai fini par renoncer à le rechercher. J'en avais 6 autour du poignet, je ne devais plus attendre le 7.

    Je ne remplacerais jamais mon dimanche. C'est comme cela la vie. C'est une pellicule de sable sur une photo. C'est une dune toute entière qui s'avance sans bruit dans le désert et qui engloutit un scintillement parmi les 7 qui n'ont jamais quittés mon poignet. Un jour c'est fait. Le septième de la semaine est parti.

  • Commentaires

    1
    Dimanche 30 Avril 2006 à 21:37
    Un joli
    texte... J'ai pu lire cette fois dan un environnement atroce, ce blanc opaque, tu parles d'une couleur. Au fond, seul compte les mots.
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