• Maguerite a ses saisons

    Il faisait noir, pourtant il ne faisait pas froid.

    J'ai fait de la musique avec mes mains. C'était un son nouveau, un glissement de terrain qui emportait avec lui les battements de mon ventricule gauche. J'ai vu ses signes hiéroglyphiques. Ils auraient pu être écrits sur cette partition quadrillée qu'ils n'auraient jamais su retranscrire la justesse de mon son. Le corps à parfois besoin qu'on le laisse. Ma main vivait et s'exprimait. Je crois bien qu'elle s'est mise à danser. Chaque doigt comme un instrument à inventer. Et ma paume, ma paume respirait à son rythme. Hier j'ai fait de la musique avec mes mains. A certains instants mon visage aussi s'est mis à ondoyer.

    Hier j'ai décidé de devenir aveugle. D'apprendre le goût d'une poire à la cannelle, d'une autre marinée dans une liqueur colorée. De les mélanger, d'y ajouter un fruit et de la menthe. D'étendre les possibles à l'infini. De deviner le froid, sans même y toucher. Le chaud sans savoir le formuler. Mes mains réapprenaient les formes, les textures. Elles parlaient à ma bouche qui parlait à mon oreille qui résonnait dans mes artères.

    Hier j'ai adoré avoir 10 ans. Etre cette enfant qui n'a plus d'autre repère que l'instant. Hier j'ai adoré me perdre dans mes sens. Hier j'ai adoré redécouvrir le sens de mon corps.

    Hier, je me suis vue sur ce vieux canapé en cuir, des livres tout autour, de la pluie et du vent aux alentours, un cashemire comme un plaid, ocre et gris, une cheminée qui crépite et qui vit. Hier j'ai aimé l'odeur des bazars turcs, et l'odeur du jasmin. Celui d'un lotus blanc et celui de la havane qui les réunit dans le velours de ses poils cendres.

    Hier il faisait noir, pour autant je n'avais pas froid.
    Hier j'ai appris que l'on peut être heureuse aussi dans le noir.

    Un oeil qui cligne : j'aime me dire que le printemps peut aussi prendre le temps, le temps de toutes les couleurs. J'aime me dire que parfois le vide emplit autant que le plein. J'aime croire que la lumière n'existe  que grace à la nuit. J'aime vivre au rythme de mes saisons et, qu'au hasard des jours qui passent, elles correspondent parfois aux fleurs qui se délivrent de leur chrysalide, aux clapotis de l'été, aux bruissements des feuilles ocres qui virevoltent ou à la douceur d'un hivers feutré.

  • Commentaires

    1
    Vendredi 21 Avril 2006 à 13:05
    un passage par hazard
    je decouvre ton univers de mon pays du nord ps: j'ai un peu de mal à lire les lettres lol Mais je repasserai
    2
    Vendredi 21 Avril 2006 à 13:11
    J'adore ton invisibilité
    relative... En fait t'as bien un beens dans le carburateur. Message mail bien reçu. Fainéantise congénitale. On se rappelle. Bises, Mam' Pull
    3
    Vendredi 21 Avril 2006 à 13:18
    Interlope...
    On peut traduire ça par "louche" ou "malfamé"...
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