• votre commentaire

  • 1 commentaire
  • Aux premières lueurs du soleil, ses yeux limpides. Un concentrée de vie qui me souriait, comme cela, sans aucune raison. Elle s'accrochait à mes lunettes, sans lâcher mes pupilles, sans quitter sa joie de vivre. Sa candeur infantile. Simplement me sourire, simplement me dire "bonjour" du bout des cils. Elle me trouvait rigolote, sans doute. Un peu extra-terrestre, sans doute aussi,  avec mon casque qui brillait autant que mon écharpe qui scintillait. Alors, je me suis laissée guider par sa simplicité marsienne. Je lui ai rendu avec autant de sincérité, le bonheur qu'elle m'offrait. Mes bronches se sont éclaircis, mon cœur est devenu léger dans ce Paris droïde. 


    Ce matin, aux premières lueurs du soleil, j'ai rencontrée une elphe. Elle avait cinq ans. Elle allait à l'école. Celle du savoir. J'ai souhaité que son cartable ne s'alourdisse pas au fil des connaissances accumulées, que ses dents ne pourrissent pas de s'être trop usées, que ses yeux ne se ternissent jamais du prix des illuions que l'on défait. Je lui ai souhaité de rester à jamais terrienne. Un casque et une écharpe qui brille. 

    1 commentaire
  • le chien et le loup....
     
    Je ne rêvais plus. J'avais les yeux écarquillés et mon foulard s'était pris dans le sable.

    2 commentaires
  • Je l'ai éventré. Je l'ai éventrée et puis je l'ai mangé. Comme cela toute crue.
    La petite chronique du métro quelques années après.


    Chaque matin c'était pareil, descendre ici, stationner là, pas trop loin de la prochaine sortie. Les raccourcis. Les visages en goguette, comme les masques d'un défilé bien huilé. Parfois la folie de ceux qui y sont trop restés, coincés entre deux mondes. L'oeil s'use à regarder passer les vies pressées. Les heures qui ne connaissent ni les lueurs du jours, ni la fraîcheur de la nuit. Mais des néons sur les kilomètres d'un parcours balisé et automatisé. 


    Ce matin rien n'avait changé. Le métro était resté identique à celui qui m'avait rendue neurasthénique. Un oeil de brousse posé sur le vide de cette jungle mécanique. Les chaussures bien cirées comme si elles n'avaient jamais été portées. Je sentais le souffle chaud du sirocco, la poussière sèche et rouillée des terres trop arides pour être fertiles, les herbes roussies et immobiles. Sur ces chaussures lisses comme la surface d'un miroir, aucune histoire, si ce n'est celle d'un asile sans fenêtres ni barreaux. Cette forme de tristesse au fond de la pupille qui donnait de l'emphase au monde trop petit que l'oeil n'avait sans doute pas rêver de voir.


    Et puis les couloirs aux indications flous. Les mouvements de foule qui se croisait sans jamais se regarder. Parfois s'entrechoquait sans jamais s'excuser ou se pardonner.


    Une fois assise, la folie ordinaire d'un petit monde névrotique, là face à moi. J'ai regardé ses chaussures. Je commence toujours par les chaussures. Des lanières noires de mauvaise qualité mais savamment enchevêtrées pour compenser. Au sortir de ce buisson ordonné, des petits doigts boudinés. De tout petits morceaux de peau infâmes comme des étrons blanchis. Sur le reste d'ongles mal taillés, un émail vulgaire au reflet mordoré.


    Le sommet du crâne était dégarni, non pas de vieillesse mais d'usure.  Un visage angulaire au pores ternes et graisseux. Mon oeil continuait de fouiller. Comme à l'habitude des trajets répétés durant des années. 


    La fierté venait des mains. Son temps libre à elle, dédié tout entier au soin misérabiliste de ses ongles en résine. Mordoré. On aurait dit que c'était un rempart contre son propre oubli. Une petite porte ouverte sur ses envies. Ces ongles-là avaient la longueur d'une phalange, parfois plus. Ils avaient une touche d'arrogance à peine brillante. Etaient ils anarchistes ? Certains n'avaient pas su résister aux taches assommantes, où aux stress carnivores. Ils s'étaient fait arranger le portrait. Car il faut bien le dire, cette femme se rongeait les ongles jusqu'à l'os.  La résine ? Du verni pour se mentir. Alors ses mains, j'ai commencé à les voir comme la musique d'un orgue aux touches manquantes et désaccordées. Un sourire édenté. Je les imaginais serrant une pomme bien trop mûre pour être honnête. Elle avait un nez crochu et bosselé de pustules. Sur le papier illustré que je dessinait comme une aura autour de son visage, l'encre suintait toutes les aigreurs d'une vie que d'autres regardent les yeux posés sur le vide.


    J'ai eu hâte de descendre. Je me sentais suffocante. Comme du temps de ces années perdues à faire et refaire le chemin, tous les jours, toute l'année. J'ai changé de direction, j'ai pris un livre. Tout compte fait, je préfère la pollution et ma pétrolette qui ne dépasse pas les 40.
     
    Crédit photo : Nadav Kander 

    votre commentaire