• J-en mars

    Passé à l'ouest c'était une autre chanson. Je m'amusais des dessins que faisait le soleil dans mon salon. 

    Un rayon sur le balcon, allongeait les ombres de ma jolie prison. De l'argent fugacement soufflé sur mes mauvaises herbes impossibles à arracher. Le rat des villes gardait au fond de lui, celui des champs, en sourdine. 

    Ma trottinette à roulette, indiquait le sens du vent. Son sens et sa course. Ebouriffée. Je la gardais. Une sensation. Les seins presque nue en été. Fermer les yeux. La retrouver. La petite table des soirée alanguis de juillet. En août le silence moite des mots calfeutrés dans l'antre presque fraîche, une brise subtile.

    Vers cinq ou dix-neuf heure, un chant diffus :  le songe pâle d'une fenêtre dans ma forêt de boulots gris. Sa pâleur ou sa netteté au gré des caprices ombrageux.  Ce jour-ci, le ciel était dangereux, passant du gris au bleu, du bleu au gris. La trouée d'une gloire. La saisir. Tenter de la retranscrire pour la garder, au creux de mes yeux, comme un enfant à la fois triste et heureux. En tomber amoureux. La garder au fond des yeux. Et puis plus  rien, la lumière allait et venait, disparaissait, et re-rentrait sans avoir pris la peine de s'annoncer. Je l'aimais ainsi libre et joyeuse.

    Vers l'est les cheminées s'empourpraient, les toits les soutenaient avec une forme de fébrilité apaisée. 

    De retour au salon, mon enfance me susurrait  les souvenirs d'une l'Afrique enracinée. Le long cou d'une girafe, l'allure industrielle, le cou penché de celle qui boit au marigot. Au bout, une ampoule.

    Maintenant la fenêtre mordait mes oreillers. Le chat ronronnait. La teinte changeait, se heurtait au tabouret, en allumait les pieds, transperçait le fauteuil pour en dessinait un autre,  tronqué, sur ma commode impossible à déplacé. Mon petit fou s'en amusait et patogeait joyeusement dans les innombrables petites flaques éphémères. Et puis, la girafe avait maintenant cédé sa place aux deux causeuses de mon balcon. Ces bavardes étendaient leurs jambes jusqu'au repli de mon édredon. C'était l'heure où le jaune prend les doux accents du rose, l'heure où mon univers entier se reflétait dans chaque objet qui voulait bien le réinventer. L'instant où j'aurais voulu voir les feuilles pourpres se balançaient doucement dans la chaleur de mon souvenir. Le salon et ma chambre commençait de s'éteindre en gardant en mémoire quelques instants encore les traces de cet essoufflement.

    Le soleil continuait sa visite, jour après jour, le moindre recoins de mes amours. 

    Plus tard, dans le début de la soirée, ce serait au tour du cinéma que le disque d'or épuisé, projetterais sur le placard de toutes mes infimes mémoires. 

    Je le connaissais par coeur le chant du soleil dans mon appartement et pourtant.. chaque jour était différent. Je m'étonnais de ne rien y trouver d'identique au précédent. 

    J'aurais voulu le garder, quelques trésors encore, jamais fini d'amasser, toujours renouvelés. 

     

    Demain peut-être sera celui de la lune écarquillée. 


  • Commentaires

    1
    Vendredi 7 Mars 2008 à 16:18
    Un billet
    par mois, ce n'est pas si mal.... Il est doux et tendre (redondance) celui-ci...
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