• La plateau était rouge. Carré.
    Pas bleu. Pas rectangle.
    Mais de ce rouge sombre et profond.
    Il n'exhibait aucune recette.
    Ni celle de l'amour, ni celle du cake.
    Il était plus ramassé, moins exubérant.

    Il avait des iris bleus. Pas rouge ni noir.
    Mais bleus. Un bleu qui tirait vers le gris.
    C'était un plateau en océanie.
    Le plateau d'un tout petit pays.
    Un île bordée de récifs.

    Il portait en toute simplicité les vitamine d'un fruit pressé,
    un peu de cassis et du pain.
    Du café. Une à trois tasse, pour déplier sa mine.
    C'était un plateau ravissant qui se posait avec sobriété sur mon lit défait.

    Délicieuse habitude.

    L'oreiller s'était réorienté. Pas au nord ni à l'ouest. Il préférait m'éveiller aux premières lueurs du soleil. Mes rêves tournés tout entier vers l'est.
    Mes yeux s'ouvraient sur ce bleu.

    J'adorais mon plateau sans conventions, ni recette. J'adorais ses couleurs et son goût.
    J'adorais mon plateau sans convention, ni recette.

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  • Non je ne sais pas lire dans le marc de café.
    Je n'y comprends rien à toutes ces traces.

    J'y vois des crocodiles et des souris chauves.
    Je ne sais pas s'il faut lire le noir sur le blanc
    ou deviner les vides dans les restes de faïence.
    Pour te dire, je ne sais même pas le faire bouillir ce café turc.
    Alors le futur.... Une récolte du présent ?

    Je mets un pied devant. Un pied et puis l'autre dans mon potager miné. C'est bien suffisant pour qui veut marcher honnêtement. J'essaie de conjuguer le présent avec l'avenir, mais je ne sais rien de ce futur latent. Je ne sais même pas s'il nous attend.

    Le futur est menteur. Il est versatile comme une femme dans un magasin de chaussures. Il est hâbleur. Gageur comme un joueur de poker. Une vie brune et barbue. D'accord pour une brune et poilue. Des enfants dans un champs d'olivier. Une robe blanche au milieu des grillons. Un ventre rond. J'ai fini par interroger les cartes. Mais le plus souvent elles sont tricheuses. Toujours une pour se cacher dans le revers du présent.

    Les temps, la conjugaison, la grammaire.... Tout est question de vocabulaire. Le plus dure c'est la concordance. Le laps ou l'éternité, celui qui n'existe pas encore faute de l'avoir inventer. J'adore l'imparfait,  par dessus tout, j'aime le composer au présent, y compris dans la lecture d'un café étranger.

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  • Le chien et le loup. Le bleu et le gris. Le flou. 
     
    2. En ce temps là ma tête était encore balayée par la frénésie des flash de la nuit. Mon cœur palpitaient à la mesure de cette ignoble boîte à rythme.  Mes yeux brillants cherchaient les lueurs rassurantes d'un matin plus serein. On dort plus longtemps en attendant le soleil à l'ouest.

    Vers midi je revenais à moi et j'appréciait l'ombre de cette toile qui me gardait des enfers brûlants de la plage. Encore un peu de la douce fraîcheur d'une nuit sans teint. De tous ces visages sans épaules, flottants autour des chocolatines. Judici. De tous ces visages je ne gardais que la faim dans mes entrailles. La faim et l'odeur du pain fondant à cinq heures du matin.

    Vers midi je fouillais les baïnes à la recherche de mes algues nourricières. Un peu hagarde, il faut bien le dire, je m'étonnais de ne rien trouver des étoiles qui s'étaient baignées toute la nuit. Mes mains caressaient la surface de l'eau comme une anémone. Mes mains jouaient avec les diffractions de la lumière. Je reproduisais le bal en plein jour. Peut-être je trichais un peu. Et l'eau se dilatait. Et l'eau se rétractait en d'infime filament salés et dorés. Tout au fond le sable noyé, mais pas la branche d'une étoile même orange. Quelques microscopiques coquillages et de presque inexistantes crevettes.
     
    Pourtant, je n'avais pas menti, je n'avais pas bu, je les avaient vu batifoler et se noyer. Cassioppée la tête la première, toute nue aux alentours de minuit. J'y étais, le tapis, les strass et les paillettes. Je n'avais pas rêvé, ni fabulé.

    Mes yeux s'accoutumaient à nouveau et tout doucement au bleu du soleil vif, et je ne trouvais pas l'ombre d'une trace de ce que j'avais vécu. Ni la preuve, ni le bout d'une branche scintillante. Juste cet accent américain qui m'appelais au bord de la plage.

    Ce matin j'avais dans ma tête "enchifferonnées" de tous ces souvenir en traversant le fleuve. Depuis ma chaise haute je scrutais l'horizon. Six heures du matin, quand l'été refuse de naître. Six heures du matin non loin de ce petit hôtel et de ce cinéma militant. Six heure du matin accoudé au comptoir. L'océan qui me revenait par vague. L'océan et mes vingt ans. Je n'ai rien bu pourtant.
     
    crédit photo : Nawel

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